Geoffrey Joyeau, sauveteur et pompier, ému par la solidarité durant les incendies de Gironde

Forma­teur au CFI de Gironde et pompier profes­sion­nel, Geof­frey Joyeau a parti­cipé à la lutte contre le feu qui a ravagé 7 000 hectares de forêt au mois de juillet 2022. Une expé­rience dont il retient une chose en parti­cu­lier : le soutien des habi­tants.

Photo de Geoffrey Joyeau, nageur sauveteur du CFI de Gironde depuis 2006
Nageur sauveteur du CFI de Gironde depuis 2006, Geoffrey Joyeau a combattu les incendies qui ont ravagé les environs de la dune du Pilat l’été dernier © SNSM

Pompier, fils de pompier. Le feu, Geof­frey Joyeau connaît. Pour­tant, quand ce béné­vole du centre de forma­tion et d’in­ter­ven­tion (CFI) SNSM de Gironde a été envoyé sur l’in­cen­die de La Teste-de-Buch en juillet 2022, l’am­pleur de la catas­trophe l’a impres­sionné. Des milliers de personnes évacuées, plus de 7 000 hectares de forêt autour de la dune du Pilat rava­gés. Il se souvient encore du bruit des « pins qui explo­saient sous la chaleur, à une centaine de mètres. C’était la première fois que j’in­ter­ve­nais sur un feu de cette enver­gure et de cette inten­sité », confie l’homme de 33 ans.

L’in­cen­die est déclaré depuis seule­ment quarante-huit heures lorsque le capo­ral Joyeau est envoyé en renfort depuis sa caserne de Bruges, dans la banlieue de Bordeaux. Le combat promet d’être acharné. Pour­tant, dans le four­gon qui l’em­mène avec ses collègues vers la piste fores­tière où ils doivent prendre leur poste, l’am­biance est déten­due. « Le feu est notre corps de métier, rappelle celui qui a rejoint les sapeurs-pompiers profes­sion­nels en 2013. On peut avoir peur, mais il y a aussi de l’adré­na­line, car ces inter­ven­tions sont très inté­res­santes, même si les consé­quences sont déso­lantes.  »

Quelques minutes avant d’ar­ri­ver, tandis que les flammes approchent, l’at­mo­sphère change. Plus un bruit dans le véhi­cule. « On était tous hyper-concen­trés, à penser aux choses que l’on aurait à faire, se souvient Geof­frey. C’est exac­te­ment comme lorsque l’on est en poste de secours : on peut rigo­ler avec ses amis, mais quand on est sur le mira­dor, toute notre atten­tion se porte sur la surveillance de la plage.  » À peine les pompiers ont-ils le temps de descendre de leur four­gon qu’ils font face à un « mur de flammes ». « On a senti le vent et entendu les crépi­te­ments, pour­suit le soldat du feu. On s’est équi­pés rapi­de­ment et on est entrés dans le vif du sujet. »

« Ils s’oc­cu­paient de nous, même au milieu de la nuit »

Douze heures d’ef­forts plus tard, Geof­frey Joyeau et ses coéqui­piers sont parve­nus à remplir leur mission : empê­cher le feu de les contour­ner et de s’étendre vers les habi­ta­tions du Pyla-sur-Mer. Haras­sés, ils se dirigent vers l’un des points de ravi­taille­ment mis en place par des habi­tants de la région. Les quelque mille deux cents pompiers inter­ve­nus pour maîtri­ser l’in­cen­die pouvaient s’y repo­ser en mangeant un morceau. « La soli­da­rité des gens a été impres­sion­nante, souligne le secou­riste. Ils s’oc­cu­paient de nous, même au milieu de la nuit. C’est rare, mais c’est beau à voir. »

Cet élan de frater­nité a « beau­coup touché » Geof­frey, devenu béné­vole à la SNSM en 2006 « pour contri­buer à la société ». D’abord nageur sauve­teur, puis sauve­teur héli­porté avant de se consa­crer à la forma­tion au sein du CFI de Gironde, il est très atta­ché à l’es­prit d’équipe. Surtout si cela permet de sauver des vies. « Le plus émou­vant, c’est quand les gens nous remer­cient, glisse le tren­te­naire. Ces moments peuvent vous faire pleu­rer. »

Incendie en Gironde
Plus de 1 200 pompiers ont été mobi­li­sés pour maîtri­ser l’in­cen­die autour de la dune du Pilat © SDIS 33

Article rédigé par la rédac­tion, diffusé dans le maga­zine Sauve­tage n°161 (3ème trimestre 2022)