Elsa, Jules et Jean-Philippe : en plein hiver, ces nageurs sauveteurs préparent l’été

Ils garan­tissent votre sécu­rité quand vous vous baignez. Près de 1 500 nageurs sauve­teurs de la SNSM arment envi­ron 250 postes de secours sur les plages durant l’été. Quelques mois de travail qui leur demandent une pratique régu­lière et soute­nue tout au long de l’an­née. Nous allons suivre trois d’entre eux, Elsa, Jules et Jean-Philippe. Une série en trois épisodes.

Jules, Elsa et Jean-Philippe
Jules, Elsa et Jean-Philippe préparent déjà leur saison de surveillance des plages © SNSM

À la plage, les pieds dans l’eau sous un soleil radieux. Le travail de nageur sauve­teur semble agréable, sur le papier. Mais cet emploi saison­nier, quelques mois durant l’été, est un enga­ge­ment à l’an­née. De longues forma­tions et un entraî­ne­ment physique perma­nent sont néces­saires pour être apte le moment venu. Des obli­ga­tions qui demandent une orga­ni­sa­tion rigou­reuse et empiètent souvent sur le quoti­dien.

Elsa, 20 ans, a rejoint le centre de forma­tion et d’in­ter­ven­tion (CFI) d’Or­léans en octobre 2022. Joueuse de badmin­ton depuis sept ans, elle ne peut plus pratiquer son acti­vité avec la même assi­duité. « Les entraî­ne­ments ont lieu le lundi soir, au même moment que les séances de nata­tion du CFIJe pratique beau­coup moins et je ne peux plus faire de tour­nois. » Mais la forma­tion de sauve­teur passe en premier.

Certains prennent l’ha­bi­tude de jongler avec les séances de nata­tion. « Je n’ai pas manqué une saison depuis mon arri­vée à la SNSM, en 1999, souligne Jean-Philippe, 46 ans, nageur sauve­teur et forma­teur au CFI de Lyon. J’aime m’ar­ra­cher, me chal­len­ger. Je vais en saison dans le Finis­tère, à Audierne, depuis 2002.  » Pour rester dans la course, il faut se mettre au niveau. Les « NS », comme on dit dans le jargon, peuvent suivre de nombreuses forma­tions.

Jules, 20 ans, nageur sauve­teur au CFI de Nantes depuis deux ans, en a profité pour perfec­tion­ner ses compé­tences. « Quand on enchaîne les jour­nées de surveillance où l’ac­ti­vité opéra­tion­nelle est limi­tée, on se demande si on saura bien réagir quand une inter­ven­tion sera néces­saire », confie le jeune homme au sourire jovial. En octobre, il est devenu forma­teur en secou­risme à l’is­sue d’un stage de douze jours. Il a sauté sur l’oc­ca­sion dès qu’il a pu inté­grer une forma­tion, cham­bou­lant son plan­ning habi­tuel. « J’ai demandé une  semaine d’ab­sence à la fac, explique cet étudiant en licence de géogra­phie. Et posé deux week-ends de congés dans mon job de serveur.  »

Jean-Philippe, lui, a appris à conju­guer son métier de profes­seur de flûte traver­sière et son enga­ge­ment à la SNSM au fil des années. « Je fais toujours le week-end de forma­tion au sauve­tage aqua­tique en tant que forma­teur, déve­loppe-t-il. Je réserve systé­ma­tique­ment ces dates bien en amont.  »

« Je renonce à certaines sorties pour être au top »

Des réflexes presque incons­cients pour le Lyon­nais, qu’Elsa adopte progres­si­ve­ment. Étudiante en deuxième année de licence de sport, la recrue enchaîne les acti­vi­tés physiques tout au long de la semaine. La fatigue et les cour­ba­tures l’obligent parfois à se détour­ner d’autres occu­pa­tions. « Je renonce à certaines sorties entre amis pour être au top, explique-t-elle. Le repos est impor­tant pour limi­ter les risques de bles­sure. »

Le CFI d’Or­léans orga­nise des séances de sport le vendredi soir. Pompes, abdos et gainage, des exer­cices intenses juste avant le week-end. « C’est le dernier gros effort de la semaine, souligne Elsa. L’am­biance de groupe donne envie de se dépen­ser ensemble.  »

Cepen­dant, il est parfois impos­sible de se libé­rer de ses obli­ga­tions person­nelles pour parti­ci­per aux entraî­ne­ments communs. Il faut alors trou­ver le courage de pratiquer seul, de se rendre à la piscine entre deux cours, d’en­fi­ler les baskets le soir après une jour­née de travail. Jules fait du footing et va nager ou surfer en mer dès qu’il le peut. « Il y a des périodes où je fais moins de sport car je n’ai pas le temps ou je suis fati­gué, recon­naît le jeune homme au physique trapu. Cela ne dure jamais long­temps car me dépen­ser me fait du bien. »


Jean-Philippe, lui, appar­tient à un club de triath­lon. Une passion qu’il partage avec ses trois filles. Ce vété­ran à la stature impo­sante s’y entraîne trois fois par semaine. Indis­pen­sable, selon lui, pour exer­cer sa fonc­tion de chef de secteur l’été, où il est respon­sable des huit postes de secours de la baie d’Au­dierne. En plus de faire le lien avec les mairies et de répondre aux besoins des NS, il peut aussi être solli­cité pour renfor­cer le dispo­si­tif de surveillance d’une plage en cas de forte affluence ou de mer agitée. « Je dois être opéra­tion­nel comme les autres. Je me pose­rais des ques­tions sur ma fonc­tion si je ne pouvais pas les suivre physique­ment. » La relève semble assu­rée : sa passion pour la SNSM se trans­met à ses filles au fil des années et des entraî­ne­ments. « L’aî­née a 17 ans et trépigne déjà d’im­pa­tience de partir en plage dès qu’elle sera majeure. »

Article rédigé par Rémy Videau, diffusé dans le maga­­­­­­­­zine Sauve­­­­­­­­tage n°163 (1er trimestre 2023)